Le paysage du Perche Gouët est reconnaissable au Nord du Loir-et-Cher grâce à ses collines. Le relief est formé par les cours d’eau, les vallées et plateaux qui représentent une superficie importante du territoire. La caractéristique principale du paysage percheron reste l’enclos et le semi-bocage où l’élevage domine.
La formation des paysages s’inscrit toute entière dans l’histoire géologique de la région. L’action de l’homme n’est bien entendu pas négligeable mais les grands traits du paysage ont été tracés bien avant.
Une grande partie de l’histoire géologique des lieux s’écrit lors de la dernière transgression marine de l’aire secondaire (cette histoire débute bien avant mais pour ce qui est de la partie visible, il suffit de démarrer à cette date). Une grande partie des roches de notre sous-sol va en effet se déposer au cours de cette avancée marine (transgression crétacée).
D’abord ce sera la grande formation dite « des Sables du Perche » : ensemble de matériaux détriques issus du massif Armoricain qui recouvre la majeure partie du Perche et du Loir-et-Cher. Ces sables renferment la « nappe du cénomalien », réserve d’eau essentielle pour toute la région.
Lorsque la mer poursuivra sa progression vers l’ouest, on observera un important dépôt de craie, ici une craie tendre contenant une fraction argileuse non négligeable.
Au début de l’ère tertiaire, après le retrait de la mer, s’amorce une grande période d’érosion, sous climat tropical chaud et humide. La craie sera alors en partie détruite par l’érosion chimique. Seule restera la part argileuse et les silex souvent présents dans la craie : Cette formation résiduelle porte le nom bien connu d’argile à silex, elle recouvrira la majorité des plateaux qui constituent notre région.
Au même moment, des phénomènes chimiques en lien direct avec le climat tropical de l’époque cimenteront par places les sables du Perche, donnant naissance au grès Roussard, matériau emblématique du secteur Mondoubleau-Cormenon-Sargé sur Braye-Baillou, le fameux « Pays du Roussard ».
Enfin, pendant l’ère quaternaire caractérisée par ses grandes glaciations, des particules fines (argileuses et sableuses) arrachées aux moraines glaciaires par les vents violents qui soufflaient du Nord sur la toundra vont recouvrir l’ensemble de la région. Cette formation éolienne, pouvant atteindre jusqu’à 2m d’épaisseur, porte le nom de « limon des plateaux ». Elle recouvre ainsi, sur des surfaces importantes, l’argile à silex.
On comprend aisément en lisant ces quelques lignes que l’essentiel des roches du sous-sol de notre région sont des matériaux tendres ou meubles qui seront facilement emportés par l’érosion (vent, eaux de ruissellement, rivières, ...). D’où les paysages plutôt plats ou faiblement vallonnés que nous connaissons, avec leurs formes douces, arrondies, modelées sans difficulté par l’érosion.
Ici, le relief est essentiellement négatif : il se réduit aux reliefs en creux formés par les vallées creusées par les ruisseaux et les rivières. Comme les roches sont facilement attaquées et emportées, les eaux se tailleront des vallées peu profondes, plutôt larges, aux pentes souvent molles et rarement accentuées.
Ces paysages tranquilles s’offrent quand même, par endroits, quelques petites fantaisies : « falaises » de grès calcaires aux tons ocrès ou encore anciens fronts de taille aux couleurs orangées, témoins d’anciennes extractions de grès roussard, spots insolites qui séduisent et interrogent …Mais ce sont pratiquement les seules verticalités de la région.
Les sols évoqués plus haut sont favorables à la forêt et aux herbages. L’élevage extensif a longtemps entretenu ici un paysage bocager. Mais dans les années 70, l’élevage a régressé, laissant la place à une céréaliculture intensive. Le bocage a progressivement été éradiqué. S’est alors installé, notamment sur les plateaux, un paysage d’openfield dans lequel l’arbre s’est fait discret…
Les bocages, prairies intégrées dans un réseau de haies plus ou moins continues, sont représentatifs du paysage végétal du pays percheron. Néanmoins, on observe un déclin de ce bocage depuis les années 1960.
Les forêts sont peu denses et peu abondantes sur le territoire. Les haies peuvent être observées sous différentes morphologies, aussi bien étendues et denses que peu développées, sous forme taillées ou libres. Les trognes font également partie intégrante du paysage du Pays du Perche en Loir et Cher Ces arbres déformés sont issus d’une longue transformation provenant du développement de traces de cicatrisation relatives à l’étêtage. Ce dernier était pratiqué dans le but de prélever une quantité de bois régulière dans des lieux où les forêts sont peu présentes. On les trouve tout le long du territoire et un « chemin des Trognes » a d’ailleurs été aménagé sur la commune de Boursay.